Aujourd’hui est le jour du grand départ de l’aventure à vélo ! Petit problème au réveil, Jade n’a pas bien dormi et ne se sent pas en grande forme avec un mal de gorge. Elle décide de faire un test covid rapide (on en a pris 2 de suisse) et le résultat est négatif. Ouf… on décide donc de partir car la ville est overbookée et il n’y a de toute façon plus d’hôtel abordable disponible. Nous quittons l’hôtel et passons faire des courses pour les prochains jours. Ils nous restent encore à retirer de l’argent via les bureaux Western Union (pour profiter du blue rate) et tenter de réparer le frein arrière de Guillaume qui ne fonctionne déjà plus.
Tous les ateliers de vélo sont fermés et aucun bureau Western Union n’est ouvert… On puise donc dans notre réserve de dollars pour changer un peu d’argent et Guillaume décide de partir sans son frein arrière. Enfin le départ et à nous la Patagonie !
Les premiers coups de pédale se passent bien. Les usagers de la route sont très sympas avec nous. Les camions nous klaxonnent gentiment si on doit s’écarter et tous les motards que nous croisons nous saluent et nous encouragent. On terminera cette première journée de vélo dans la station de ski de Cerro Castor, fermée en cette saison. La station est déserte et en lisière de forêt. On trouve un joli spot abrité du vent, sur une pelouse et proche de la rivière. Un spot de bivouac idéal ! Le premier montage de tente et le premier repas se passe bien, tout comme notre première nuit de bivouac.
Pour notre deuxième jour de vélo, la pluie fait son apparition et nous accompagnera par intermittence tout au long de la journée. C’est aussi l’occasion de faire notre première rencontre avec le VENT. Après un petit col (Paso Garibaldi), les paysages commencent à changer et deviennent plus arides. Les spots de bivouac sont plus rares et on devra pousser jusqu’au Lago Fagnano pour trouver un endroit où mettre la tente. Le montage de la tente est un peu plus compliqué que celui de la veille car on devra manoeuvrer avec le vent et la pluie. La pluie continuera par intermittence toute la soirée mais nous laissera tout de même un mini répit pour cuisiner et manger dehors.
Le lendemain matin, le vent de Patagonie est bien présent et chahute bien la tente. Petit moment de stress pour le démontage où on s’agrippera à la toile (voir même s’allongera dessus par moment) pour éviter que notre seule maison soit emportée. Quand on reprend la route, le vent est dans notre dos et nous fait avancer tout seul… assez cool comme sensation! Le peu de km qui nous séparent du village de Tolhuin passent vite. On décide de s’arrêter dans ce village pour aujourd’hui. Tous les logements semblent complets mais on trouve finalement une rustique cabana (bungalow) à la sortie du village dans une zone remplie de chiens qui nous aboient dessus. Pas très accueillant mais ça fera l’affaire pour passer la prochaine nuit au chaud. Le soir, découverte pour Guillaume de la pizza argentine. La leçon est retenue: ne plus jamais prendre une pizza seul sauf si le but est de se gaver comme une oie.
Le jour suivant, on prend la route avec un fort vent de face. On prolongera la journée jusqu’à un spot de bivouac au bord de l’océan où on arrivera à plus ou moins s’abriter derrière une butte. Rapide souper et on rentre dans la tente. A la tombée de la nuit, le vent change de direction et s’intensifie. La tente bouge dans tous les sens… c’est flippant ! A 4h00 du matin, le vent a encore augmenté et on est tous les 2 réveillés à se demander si la tente va tenir le coup… Quelques instants plus tard, la sardine d’une des portes de la tente est arrachée… C’est la panique, la tente se déforme dans tous les sens. Pendant que Jade s’agrippe aux arceaux depuis l’intérieur pour éviter que d’autres sardines partent, Guillaume sort pour remettre la sardine. Opération réussie. La tente tiendra le reste de la nuit. Le lendemain matin, le vent est toujours aussi violent. Après avoir démonter la tente (sans rien perdre), on tente de monter sur nos vélos mais impossible de tenir dessus. On poussera nos vélos pendant 2h pour parcourir seulement 5km en tentant de faire du stop jusqu’à ce qu’un fermier nous interpelle et nous recueille dans son abri qu’il met à disposition des cyclistes en difficulté. On est donc pas les seuls à s’être fait surprendre vu tous les noms dans le livre d’or! On passera la journée et la nuit dans ce petit refuge. Le lendemain, le vent est un peu moins fort. On décide donc de partir au lever du soleil pour tenter de rejoindre la grande ville de Rio Grande. On arrive à correctement pédaler pendant 2h, puis le vent se renforce. On continue à pédaler mais on se fait grandement déporter au milieu de la route au gré des rafales. Un pick-up s’arrête et nous propose de nous emmener jusqu’à la ville pour éviter qu’on prenne des risques sur la route pour les 20 derniers km. La perspective est assez séduisante ! On charge les vélos et en un rien de temps nous voilà à l’entrée de la ville où on peut se réfugier au chaud dans un café. On trouve un hôtel avec un atelier de vélo juste en face. Guillaume pourra enfin y faire réparer son frein.
Le lendemain, on prépare notre sortie de la Tierra Del Fuego car la frontière avec le Chili est encore fermée. La traversée ne peut pas se faire en vélo. On doit donc prendre un bus pour pouvoir rejoindre la ville de Rio Gallegos sur le continent. Il nous faut donc trouver des cartons pour mettre les vélos dedans et faire un test antigénique pour prendre le bus. Pour les cartons, ça sera plutôt facile. Pour le test antigénique, on a un peu plus peur. Guillaume va vite faire un test rapide (le dernier que l’on a pris de suisse) avant d’aller faire le test officiel car depuis quelques jours il a un gros rhume. Le test rapide sort négatif, on est rassurés et on se présente quasi sans crainte au test officiel. Guillaume reçoit en premier son résultat : négatif… Ouf, on est soulagés. Au tour de Jade… Positif ! Grosse surprise et voilà comment notre séjour en Tierra Del Fuego se prolongera plus longtemps que prévu!
On part se mettre en pseudo quarantaine dans un appart-hôtel pour les 6 jours suivants.
6 jours après, les cas covid explosent tellement qu’il n’est plus nécessaire de faire de tests covid pour prendre le bus car ils sont maintenant réservés qu’aux personnes symptomatiques.
Le 19.01.2022, on arrivera donc à prendre un bus pour enfin sortir de la Tierra Del Fuego et arriver sur le continent. A la sortie du bus, alors que nous sommes en train de remonter nos vélos, 3 belges qui voyagent également à vélo nous accostent. C’est la première fois qu’on croise des autres cyclotouristes ! La discussion est sympa mais on oublie de s’échanger nos contacts ! Dommage !
Le lendemain, on reprend enfin la route. En sortant de la ville de Rio Gallegos, on se retrouve dans un désert! Rien à l’horizon et il fait une chaleur épouvantable ! On décide de faire une grosse journée et d’aller jusqu’au camping de Las Horquetas qui semble être un petit oasis à côté d’une rivière au milieu du désert. On y arrive exténués et brûlés vif par le soleil… Surtout Guillaume, alias le homard bien cuit, qui a passé les 2 premières heures dans le désert sans crème solaire. On mettra encore 2 jours pour traverser ce désert avec au menu de la dernière étape 164 km et un orage pour enfin rejoindre la ville d’El Calafate. On y arrivera exténués et trempés !
L’attraction principale de la ville est le glacier du Perito Moreno. On décide de prendre une excursion basique, à savoir juste le trajet en bus pour se rendre dans le parc national. Le lieu est vraiment magnifique et les différents points de vue sur le glacier sont époustouflants. On passera les 4h sur place à le mitrailler de photos avant de retourner dans la ville d’El Calafate. La ville en elle-même est un peu un Disneyland à touristes et on n’y trouve pas vraiment de charme. On fera tous les préparatifs (lessives, courses, Western union) pour reprendre la route rapidement.
On reprendra la route avec un fort vent de dos en sortant de la ville. On ira donc comme des fusées jusqu’à l’intersection pour El Chalten où la route fait un virage à 90°. Notre ami le vent devient donc en 30 secondes notre pire ennemi. On essaie de pédaler mais le vent nous pousse sur le côté et ça devient trop dangereux. On poussera donc notre vélo sur 5km jusqu’à un spot de bivouac indiqué sur Ioverlander. On est un peu abrité du vent mais celui-ci est tellement fort que plein de poussière rentre dans la tente. On tentera de se barricader en faisant un mur de sacoches et en attendant l’heure du souper. On ressortira préparer le souper tant bien que mal sous ce vent: pâtes croustillantes saupoudrées de sable… un régal!
Le vent s’arrête enfin au milieu de la nuit. Cela rend l’étape du lendemain un peu plus agréable même si ce sera un gros jour de méforme pour Jade. On arrive tant bien que mal à l’estancia de La Leona. Même s’il est encore tôt, on décide d’y rester pour la nuit. Ils ont une petite zone de camping sympathique, des douches chaudes et un restaurant. Que demander de plus!
Le lendemain, on se met comme objectif d’arriver à El Chalten pour éviter d’avoir à faire un bivouac dans ce désert inhospitalier… cela implique donc encore une étape de plus de 100km. On part plus motivés que jamais mais les forces faiblissent un peu en cours de journée, surtout qu’il fait une chaleur incroyable et qu’il n’y a pas un pet de vent (oui, on est jamais contents ;) ) Heureusement, le panorama est incroyable et le fait d’avoir le Fitz Roy et le Cerro Torre en ligne de mire nous motive! On arrive exténués à El Chalten, une des villes les plus touristiques d’Argentine en pleine saison… On fait du porte-à-porte dans les hôtels mais ils semblent tous complets. On finit par aller à l’office du tourisme qui quotidiennement tient une liste des disponibilités dans les hôtels de la ville (astuce à utiliser en Argentine!) et qui nous permettra d’enfin trouver un toit!
On se sent bien dans cette ville et on décide de faire une pause de plusieurs jours. Ça sera l’occasion pour nous de faire les 2 randonnées les plus connues (Laguna de Los Tres et la Laguna Torre), faire une session de bloc, manger des glaces, boire des bières et souper dans des bons restos. On recroisera également les 3 cyclistes belges, alias les andouilles (@andes_ouilles) et on ne manquera pas cette fois de s’échanger nos contacts. Il est bientôt l’heure de repartir. Le chemin habituel des cyclotouristes est de continuer la vallée d’El Chalten pour passer au Chili et commencer la fameuse route de la Carretera australe. Malheureusement pour nous, ce poste frontière est encore fermé et ne semble pas prêt d’ouvrir. On doit donc continuer dans la pampa argentine jusqu’au prochain poste frontière ouvert, 650km plus au nord.
Après une longue pause, nous voici donc de nouveau sur la route. La première étape nous permettra de rejoindre le village de Tres Lagos à une vitesse phénoménale, poussés par le vent dans notre dos. On rejoint le camping du village et on tombe sur Martin et Katja, un couple de danois (Americas by Bike). On profite de la soirée pour faire un peu connaissance dans notre anglais approximatif.
Le lendemain, on repart dans la pampa. Départ en même temps que les danois mais leur puissants coups de pédales nous laissent sur place. Sur la route, on analyse un peu plus l’application Ioverlander et on se rend compte que l’on va bientôt arriver sur un bout de route non-revêtue (le fameux « ripio ») pour une portion d’environ 70 km ! Oh mon dieu, on n’était pas du tout préparés psychologiquement à cela. Le ripio commence et son état lamentable nous met vite dans le bain. Heureusement, il s’améliore un peu par la suite mais les vibrations sont tellement importantes que Guillaume ne remarquera pas la désertion de son cadenas de vélo (RIP petit cadenas). En fin de journée, on trouve un spot de bivouac en bord de route alors que le ciel devient de plus en plus menaçant. Heureusement, à part quelques gouttes, pas de grosse pluie à signaler. Le lendemain, on finira donc ce tronçon en ripio qui s’enchainera avec 20km de ligne droite dans une pampa qui rend loco. On fera donc une étape de 105km pour rejoindre la ville de Gobernador Gregores. On y séjournera une journée pour se reposer, refaire des provisions et recroiser les andouilles de belges qui sont donc au même endroit que nous.
On reprend la route après cette journée de pause et c’est le début du cauchemar. Il fait une chaleur épouvantable et on a le vent de face. Les décors de pampa aride n’aident pas à faire passer cette journée et Jade craque moralement. Après avoir vider son sac en mode « je ne suis pas venue là pour souffrir ! Ouin Ouin », on repart et ça va un peu mieux. On finira par atteindre notre spot de bivouac au bord d’une rivière où on pourra même se baigner pour se laver.
Le lendemain, c’est une étape de 50 km littéralement en ligne droite qui nous attend. Psychologiquement, ces lignes droites interminables sont très dures. On arrive à 11h à notre destination du jour, l’hôtel-restaurant de Las Horquetas…. qui est totalement fermé ! On mange notre pique-nique en espérant voir quelqu’un arriver pour ouvrir l’hôtel mais au bout de 2h, on se rend bien compte que personne ne va venir. On est donc au milieu de la pampa, on a plus d’eau ni de provisions, le village le plus proche est à 100km et Éole est contre nous… Activation du plan de secours: faire du stop. Les argentins sont trop sympas car même s’ils ne peuvent pas nous prendre, ils s’arrêtent pour nous donner des biscuits et vérifier qu’on a assez d’eau. Au bout de 2h à attendre, on est enfin pris par un pick-up qui nous poussera jusqu’au village de Bajo Caracoles où on prendra une chambre dans un hôtel-restaurant, ouvert cette fois-ci ! Soirée sympa en compagnie d’une famille de Belges.
Pour la journée du lendemain, le vent sera d’abord de face, on avance à 2km/h… Puis de dos et on devient des fusées! En fin d’étape, les paysages commencent un peu à changer avec des canyons et des montagnes de terre rouge. On fera un détour pour rentrer dans le parc national de las cuevas de las Manos. Il y un hôtel-restaurant avec un camping. L’hôtel est totalement hors budget mais le camping est vraiment bien aménagé. On y restera 2 nuits pour se reposer et faire une petite randonnée dans le canadon Del Rio Pinturas. On repartira le surlendemain aux aurores en pédalant comme des fous pour arriver le plus tôt possible dans la ville de Perito Moreno avant que le vent ne soit trop fort. Opération réussie, à 12h l’affaire est réglée! On fera quelques jours de pause dans cette ville afin de préparer notre passage au Chili (renseignements sur le PCR pour le covid, etc..). Ce sera aussi l’occasion d’aller faire un goûter avec un autre couple de cyclovoyageurs, Aurélie et Marco (421adventure). Pour la dernière étape en Patagonie Argentine, on se lève aux aurores afin d’arriver le plus vite possible dans la ville de Los Antiguos pour 2 raisons: 1/ on a un Western Union en attente et plus d’argent (plus que 7 CHF dans le porte-monnaie) et on veut arriver à l’ouverture du bureau pour avoir des chances de pouvoir en retirer 2/ on a notre rendez-vous pour faire notre PCR à 13h. Le pari est réussi et on arrive à 9h40 devant le bureau Western Union encore fermé. A 10h, c’est bon on a de nouveau de l’argent et on voit débarquer les 3 andouilles qui eux aussi sont à sec. Ils veulent également passer la frontière demain. On se retrouvera donc l’après-midi même pour une session coton-tige dans le nez, puis le soir pour un apéro à notre cabana (on ne vous dira pas laquelle des deux expériences on a préférée).
Demain, on sera au Chili !
Parc national du Perito Moreno: Glacier Perito Moreno — Points de vue impressionnants sur le glacier El Chalten: Laguna de Los Tres — El Chalten: Restaurant El Parador — Meilleur rapport qualité/prix de la ville. La salle est minuscule donc il faut arriver tôt El Chalten: Laguna Torre — Parque Patagonia: Camping du Refugio La Posta de Los Toldos — Un peu cher $$ mais les infrastructures sont biens et on a eu 2 nuits avec un super ciel étoilé ★★