stages
30 stages
distance
2'034 km
ascent
15'436 m
altitude
3'740 m
1'641 m
506 m
time
139 h

L'Argentine du Nord

Sur la route de Mendoza (15.05.2022 au 17.05.2022)

Pour notre première journée de retour en Argentine, le réveil sonne tôt. Nous enfourchons nos vélos mais, pour une fois, sans les sacoches. Nous remontons sur 3 km la route que nous avions descendue la veille après la frontière. Ce matin, nous nous rendons dans le le « Parque Provincial Aconcagua », plus haut sommet d’Amérique du Sud avec ses 6’962 m. Quand nous arrivons à l’ouverture du parc, nous sommes seuls, mais la vue est totalement bouchée par les nuages. Après une heure de balade, l’Aconcagua se dévoile enfin et la vue sur ce fameux sommet est incroyable ! Nous profitons du panorama, puis retournons au refuge récupérer nos sacoches, manger un sandwich et nous voilà sur la route à 13h30 pour une « petite » étape de descente de 70 km… que nous avons totalement sous-estimée ! La pente n’est pas si franche et nous avons un fort vent de face. De plus, le genou de Jade se réveille, compliquant encore cet après-midi finalement pas si tranquille que ça. Nous finissons par atteindre la ville d’Uspallata au coucher du soleil, épuisés et avec le genou de Jade hors-service.
Nous faisons un jour de pause le lendemain pour nous remettre de ce passage des Andes passablement épuisant. Cela nous permet également de faire toutes les formalités liées au passage de frontière comme trouver un Western Union pour avoir de l’argent, recharger nos cartes SIM argentine et planifier l’itinéraire pour rejoindre la ville de Mendoza.
Le jour suivant, le genou de Jade est toujours douloureux et, pour la première fois du voyage, nous décidons de nous séparer. Jade prend le bus, tandis que Guillaume profite de son court célibat pour rejoindre Mendoza en passant par la « Reserva Natural Villavicencio ». Le soir venu, c’est autour d’une bonne bouteille que nous savourons notre première soirée à Mendoza, capitale du vin argentin.

En face de l'Aconcagua Descente sur Uspallata Troupeau de guanacos Le

Récupération à Mendoza (18.05.2022 au 22.05.2022)

Nous posons nos vélos et sacoches à Mendoza pour une semaine, le temps de soigner le genou de Jade qui s’avérera finalement être une tendinite. La première journée, toute la ville est fermée car c’est le jour du recensement national. Les argentins sont tenus de rester chez eux jusqu’au passage d’un recenseur et cela, dans tout le pays ! Entre beaucoup de farniente et évidemment des visites de bodegas et des dégustations de vin, ces jours de repos nous font du bien.

Bodega Domiciano Bodega Domiciano

La traversée du désert de San Juan (23.05.2022 au 27.05.2022)

Nous reprenons la route avec une petite étape de 30 km sur du plat, afin de recommencer en douceur pour Jade et sa patte folle. Nous arrivons donc pour la nuit dans une minuscule commune au nord de Mendoza, où nous trouvons quand même une cabana pour dormir.
Le lendemain, pour éviter de bivouaquer le long de la ruta 40 très fréquentée, nous faisons une étape de 85 km et rejoignons le petit village de Media Agua. Le genou de Jade a bien tenu le coup et nous nous installons dans un hôtel de routier. Pour le souper, nous mangeons une traditionnelle Milanesa Napolitana, tranche de bœuf panée pimpée avec du fromage et des tomates, repas idéal pour cyclistes affamés.
Le jour suivant, nous quittons la ruta 40 un peu avant la ville de San Juan en direction de l'est, et nous avons la bonne surprise de trouver une piste cyclable qui longe une ancienne ligne de chemin de fer. Pour nous y engager, nous traversons une zone de terre de 5 m qui sera malheureusement fatale au pneu arrière de Guillaume ! Le coupable est vite trouvé. Il s’agit d’une épine provenant d’une plante que Jade surnomme sobrement « plante pique-piques », et qui pullule dans les parties arides d’Amérique du Sud. C’est donc parti pour le premier changement de chambre à air du voyage ! La piste cyclable passe devant de nombreux spots à Parilla, où les familles argentines se retrouvent pour la fête nationale. La piste cyclable se termine dans le village de Vallecito, perdu au milieu de nulle part, mais pourtant bondé de monde quand nous y arrivons. Nous prenons une chambre dans le seul hôtel du village, puis nous ressortons pour souper et visiter l’attraction du village. Nous découvrons alors que c’est le sanctuaire de la Difunta Correa, qui rend hommage au personnage mythique de Deolinda Correa. Au milieu du XIXème siècle, lors des guerres civiles d’Argentine, cette femme a entrepris de suivre les pas de son mari, recruté par l’armée, à travers le désert de San Juan avec son nouveau-né et seulement quelques vivres. Épuisée et à cours de vivre, elle se coucha à l’ombre d’un arbre d’où elle ne se relèvera jamais. Elle fut retrouvée le lendemain avec le nourrisson à son sein, encore vivant. Elle fut enterrée sur place, où son sanctuaire fut construit. Actuellement, son culte est encore bien présent et des mini sanctuaires sont construits le long des routes, à côté desquels les routiers laissent des bouteilles d’eau en offrande. Une des plus grandes énigmes de ce début de voyage trouve enfin son explication ! Le sanctuaire principal est situé sur une petite colline qui est maintenant recouverte d’offrandes en tout genre et de cartes de vœux.
Nous reprenons la route le lendemain pour deux jours de traversée du désert. En milieu de matinée, un camionneur s’arrête et nous questionne sur notre présence en plein milieu du désert à vélo. Après nous avoir proposé de nombreuses fois de monter dans son camion pour nous avancer, il nous offre des fruits et reprend la route après s’être assuré que nous avons assez d’eau. L’histoire de la Difunta Correa est bien ancrée dans l’esprit des camionneurs, et leur inquiétude et gentillesse nous touchent. Après avoir passé le village désertique de Los Papagayos, il est temps de se mettre à la recherche d’un endroit pour planter la tente. Nous trouvons un petit espace caché par des buissons en bordure de route, dans le lit d’un ruisseau asséché. A 7h, quand nous nous réveillons le lendemain, il fait nuit noire et froid. L’automne est bien là et les nuits sont désormais bien fraîches. Pas facile de sortir du cocon de chaleur de nos sacs de couchage, mais pas le temps de faire la grasse matinée, une grosse journée de 100 km nous attend. En soulevant le tapis de sol pour ranger la tente, nous nous rendons compte que nous avons partagé notre abri avec un petit scorpion ! Il a donc dormi là, juste sous nous ! Nous reprenons la route avec ses interminables lignes droites que seule la deuxième crevaison de Guillaume viendra perturber. Nous arrivons en fin de journée dans le village de San Augustin, où nous trouvons une cabana qui ressemble plus à une maison de vacances pour six personnes. L’endroit idéal pour s’octroyer une petite journée de pause !

Sur la ruta 40 Las Malvinas Camping sauvage Ciclovía Oratorio de la Difunta Correa Ligne droite

Désert ne veut pas dire chaleur (28.05.2022 au 01.06.2022)

Nous reprenons la route après notre jour de pause pour une petite étape, toujours à travers des étendues désertiques. Nous arrivons à 15h dans le petit village de Baldecitos et, au moment de l’enregistrement dans notre auberge, nous voyons que deux belges sont passés à vélo la veille. Ça serait sympa si nous arrivions à les croiser ! Le lieu et le froid nous invitent à passer l’après-midi à regarder des films sous la couette. Au moment du souper, nous nous laissons tenter par le dessert de la région, El postre vigilante, constitué de fromage de type tranches pour croque-monsieur au-dessus duquel est posé un stück de confiture… Finalement meilleur gustativement que visuellement !
Le lendemain, nous arrivons dans le parc national de Talampaya. Nous y rejoignons l’entrée où se trouve un restaurant, à côté duquel des places de camping ont été aménagées. Nous montons la tente, mettons toutes nos couches et commençons à préparer le souper à la tombée de la nuit. Dans cette région désertique, l’amplitude des températures est impressionnante. De 15°C à 20°C la journée, nous sommes confrontés à des températures négatives la nuit. A peine le soleil disparu, c’est comme si l’interrupteur froid polaire s’était enclenché. Après la fin du repas, nous profitons de la cafétéria du parc pour prendre des boissons chaudes avant de sauter sous la tente et dans nos sacs de couchage.
La nuit, perturbée par le froid, n’a pas été très bonne. Malgré nos bons sacs de couchage, impossible d’atteindre une température confortable pour dormir. En sortant de la tente, tout est gelé. La tente, les vélos, l’eau dans les gourde… c’est sans aucun doute la nuit la plus froide que nous avons faite pour le moment ! Nous laissons la tente pour qu’elle dégèle au soleil et nous allons faire une excursion, en bus, puis à pied, dans le canyon de Talampaya. Le parc a été déclaré patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, en raison de la présence d’importants gisements archéologiques et paléontologiques. Le site est spectaculaire et le grand soleil nous réchauffe gentiment. De retour au camping, nous voyons que deux autres cyclistes se sont installés à côté de notre tente. Ce sera l’occasion d’échanger quelques mots avec Katie et Franco (@wecanbike) avant de reprendre la route. Ils nous indiquent également qu’un couple de français est sur nos traces. Cool, nous devrions donc faire des nouvelles rencontres tout prochainement ! Nous reprenons la route pour effectuer les quelques kilomètres qui nous séparent du prochain village, où nous avons déjà réservé une auberge. Le propriétaire nous attend d’ailleurs au péage à l’entrée de la ville, trop sympa ! Il nous informe que deux autres cyclistes logent également à l’auberge. À notre arrivée, nous rencontrons effectivement Coralie et Natan, les cyclotouristes français qui nous suivaient, et passons une première soirée ensemble très sympa.
Le lendemain, nous déjeunons ensemble puis allons préparer nos affaires. Ils sont plus efficaces et partent quelques minutes avant nous… nous ne les reverrons plus de la journée ! Les 20 premiers kilomètres sont en ripio sableux. Nous retrouvons ensuite le goudron. L’étape du jour se déroule dans un décor de carte postale : terre rouge, cactus et canyons. Nous arrivons au sommet du col à 2’050 m d’altitude en milieu d’après-midi. Juste le temps d’enfiler toutes nos couches et nous voilà partis pour la descente. Nous nous arrêtons au premier village rencontré, mais nous ne trouvons aucun hébergement. Nous dénichons un petit hôtel dans le village suivant, mais celui-ci ne nous inspire pas trop donc nous décidons de poursuivre notre route, bien que la fin de journée approche. Nous rejoignons finalement la grande ville de Chilecito située 15 km plus loin à la tombée de la nuit. Nous trouvons un appartement, prenons une douche bien chaude et décidons de tester un restaurant libanais conseillé sur iOverlander. Bingo, nous y retrouvons par hasard Coralie et Natan ! Soirée sympa où le propriétaire du restaurant, mi-argentin et mi-libanais, viendra nous raconter tout plein d’histoires en français :)

Sur la ruta 76 Cañón del Talampaya Début de l'hiver Cañón del Talampaya Cuesta de Miranda Ruta 40

Les premières ruines précolombiennes (02.06.2022 au 09.06.2022)

Nous décidons de faire une petite pause à Chilecito. Ce sera l’occasion de cuisiner des bons petits plats et de passer quelques appels à la famille et aux amis.
Nous poursuivons notre itinéraire deux jours plus tard, avec toujours de longues lignes droites sans fin au milieu de paysages désertiques. Nous trouvons un camping et profitons des températures plus clémentes pour passer une bonne nuit.
Sans surprise, au menu du lendemain : lignes droites. Nous arrivons durant l’après-midi dans le village de Londres, et nous trouvons une jolie auberge pour la nuit.
Le matin suivant, c’est à vélo, mais délestés de nos sacoches, que nous nous rendons aux ruines de Los Shincal. C’est notre premier site Inca et l’occasion d’enfin en découvrir un peu plus sur cette civilisation ! Nous retournons ensuite chercher nos sacoches et dînons dans un restaurant sur la place principal du village. C’est l’opportunité pour Guillaume de goûter son premier Locro, ragoût à base de maïs et de courge. 15 km plus tard, nous arrivons dans la petite ville de Belén, où nous logerons dans un mini-appartement pour la nuit.
C’est avec un vent contraire que nous débutons notre journée du lendemain. Celui-ci ne durera heureusement pas trop longtemps ! Nous nous arrêtons en bord de route pour pique-niquer, avant que Coralie et Natan nous rejoignent. Petite réunion improvisée avant qu’ils ne poursuivent leur route pour aller manger dans un restaurant un peu plus loin. Au moment de reprendre notre route, un automobiliste s’arrête pour nous offrir des mandarines. Nous discutons quelques minutes et il repart. Ces moments nous font toujours chaud au cœur, même s’il est encore un peu difficile de bien communiquer dans notre espagnol approximatif. Nous arrivons le soir dans le petit village de Hualfin, après une montée sous un soleil et une chaleur « écrasante », sans doute d’une vingtaine de degrés. Nous n’avons plus l’habitude de telles températures !
Le lendemain, c’est une étape de plus de 100 km qui nous attend, avec deux lignes droites d’une trentaine de kilomètres chacune… véritable torture psychologique pour cycliste ou magnifique opportunité de méditation, question de point de vue. Nous survivons à cette épreuve et nous atteignons le village de Santa Maria en fin de journée. Les fils de la propriétaire de l’hôtel sont passionnés de vélo, et la salle de réception est remplie de leur différents trophées. Par pure gentillesse, nous avons droit à un rabais sur notre nuit et au déjeuner offert. Vive la communauté cycliste !
L’étape du jour suivant sera l’occasion d’aller voir le site archéologique de Quilmes. Le site vaut le détour, et nous apprenons l’histoire de cette civilisation qui a vécu en paix avec les Incas puis résisté pendant 130 ans aux colonisateurs espagnols. Nous reprenons la route après cette visite pour rejoindre un camping situé à la sortie du village de Colaloa Del Valle. Malheureusement, celui-ci est fermé. Après avoir réparé la troisième crevaison de Guillaume devant le portail, nous décidons de continuer notre route jusqu’à la grande ville de Cafayate, plutôt que de revenir sur nos pas. Nous passons en mode « machine » et nous pédalons comme des fous, vent dans la figure, d’abord sous un magnifique coucher de soleil, puis dans l’obscurité des premières heures de la nuit. Nous sommes soulagés de finalement arriver à Cafayate, où nous prévoyons de nous arrêter pour quelques jours.

Ruta 40 à perte de vue Jolie façace Pause pique-nique Ruta 40 à perte de vue El Shincal de Quimivil Depuis un poste d'observation

Sur la route des vignobles les plus hauts du monde (10.06.2022 au 19.06.2022)

Les quelques jours de pause à Cafayate nous permettent de découvrir et déguster les spécialités viticoles de la région, dans les différentes bodegas entourant la ville. Mention spéciale au cépage Torrontes aux notes de muscat, qui devient de loin notre vin blanc argentin préféré. Ce sera aussi l’occasion d’aller prendre une bière avec Coralie et Natan, qui se sont eux-aussi arrêtés quelques jours.
Nous reprenons la route le 13 juin en direction de Cachi, le long de la route des vignobles les plus hauts du monde. Avant de partir de Cafayate, il nous faut vraiment trouver un Western Union car nos réserves de cash commencent à être à sec. Nous préparons les vélos et allons au seul bureau de la ville. Nous y rencontrons Malik et Benoît, les deux cyclistes belges que nous avions aperçus dans les registres d’un hôtel deux semaines plus tôt. Nous discutons un petit moment et apprenons par la même occasion que le Western Union ne sera pas ouvert avant 19h… Nous décidons tout de même de partir en espérant que les points de retrait indiqués par l’application le long de notre itinéraire fonctionneront. Nous arrivons au village de San Carlos rapidement. Après s’être installé dans un mini bungalow du camping municipal, nous tentons notre chance au Western Union du coin, mais il ne fonctionne pas pour les transactions internationales… Nous faisons les comptes, il nous reste 4’000 pesos (soit environ 20 CHF). Ça va être camping et portions de survie !
Le lendemain, après avoir acheté de la polenta, nous avalons rapidement les 7 derniers kilomètres goudronnés de la ruta 40 avant le ripio. Malgré quelques parties sableuses, la piste est suffisamment praticable pour nous permettre de pédaler. Après avoir pique-niqué au bord d’une rivière, au moment de repartir, nous assistons impuissants au dégonflement spontané du pneu arrière du vélo de Guillaume. Au moment de changer la chambre à air, deuxième mauvaise surprise, le pas de vis du boulon de l’axe de rotation de la roue est mort. Heureusement, le boulon de la lampe arrière du vélo de Jade est de même diamètre, et nous pouvons réparer le problème. Nous reprenons la route plus tardivement que prévu, et arrivons dans la Quebrada de las Flechas. Le cadre est idyllique et nous décidons de bivouaquer sur place, le long du rio Calchaqui. Après avoir monté le camp et fait un atelier de rustinage, nous mangeons notre magnifique souper économique (polenta, concentré de tomates et petit pois) avant de nous réfugier dans la tente pour fuir le froid.
La nuit a été glaciale, et il nous est difficile de quitter nos sacs de couchage. Heureusement, le thermomètre grimpe rapidement dès que le soleil pointe le bout de son nez. Nous continuons notre progression le long de cette magnifique vallée. La vingtaine de degrés bien tassés de l’après-midi nous semble caniculaire, et nous arrivons au village de Molinos déjà bien entamés. Nous récupérons du réseau et consultons la météo qui annonce un fort vent pour le lendemain. Malgré la fatigue, nous décidons de pousser encore jusqu’au village de Seclantà pour réduire l’étape du lendemain. Nous y arrivons épuisés, mais pas le temps de se poser, nous allons directement dans le bureau Western Union du village. Nouvel échec. Nous nous dirigeons au camping municipal, et nous décidons d’utiliser la moitié de nos économies pour nous offrir une chambre et éviter une nouvelle nuit dans le froid. Au menu du soir, ce sera encore de la polenta !
Le lendemain, nous nous faisons mettre à la porte à 9h. Nous finissons de préparer nos affaires et déjeunons dehors pour laisser la place à la femme de ménage… eh ben, ils sont pressés par ici ! Nous reprenons la route et, comme annoncé, le vent se lève en milieu de matinée. Nous prenons des bourrasques de sable, effet peeling option décapage avec supplément yeux et bouche. Nous arrivons à Cachi en milieu de journée et la priorité numéro 1 est de trouver un Western Union. Comme de nombreux points de retrait sont indiqués sur l’application, Guillaume part confiant en ville alors que Jade attend tranquillement devant une auberge à l’entrée de la ville. La petite poste est finalement le seul bureau fonctionnel du centre, mais pour pouvoir y retirer de l’argent, il nous faut une photocopie de la carte d’identité et cela, dans les 10 prochaines minutes, après quoi le bureau va fermer le temps d’un weekend prolongé de quatre jours. Plus de temps à perdre, Jade descend en ville. 8 minutes plus tard, au moment de retourner à la poste photocopie en main, nous voyons au loin l’employé fermer la porte et partir en courant…. C’est une blague ? Non… le bureau de poste vient bien de fermer sous nos yeux. Nous passons par tout un panel d’émotions. Il nous reste alors un dernier espoir. Un ultime Western Union est indiqué à un peu moins de 2 km, sur les hauts de la ville. Guillaume part à la recherche du dernier bureau pendant que Jade reste, sans raison, plantée devant la porte fermée de la poste. Après avoir erré dans un quartier résidentiel, Guillaume finit par apercevoir le fameux panneau Wester Union à l’arrière d’une vitrine d’un petit kiosque, malheureusement fermé à cette heure. À ce moment-là, l’employé de la poste revient, mais il n’a pas prévu d’y rester longtemps. Il prévient Jade qu’il fermera à 14h. Il est 13h58… et Guillaume est à l’autre bout de la ville avec sa photocopie. Après de longues minutes de panique chacun de notre côté, Guillaume finit par débouler sur son vélo à la vitesse de l’éclair à 14h01. Il saute de son vélo et rentre dans le bureau de poste. 30 minutes, tout un tas de paperasses et un petit pourboire de remerciement plus tard, la transaction a fonctionné ! Alleluia ! C’est pas la grosse richesse, mais nous avons réussi à avoir 30’000 pesos (150 CHF) ! Nous allons fêter ça en mangeant un agneau à la braise de l’autre côté de la rue. Il nous faudra encore 2h et l’aide de l’office du tourisme pour trouver une chambre bon marché dans cette ville touristique, un début de weekend prolongé. Après une bonne douche, nous allons déguster un verre de ce fameux vin d’altitude dans une bodega, puis nous assistons à une petit commémoration organisée en hommage au Gaucho Martin Miguel de Güemes, Général indépendantiste, avant d’aller souper.
Le lendemain, nous faisons un jour de pause dans cette charmante petite ville d’architecture coloniale. Nous en profitons pour retenter notre chance au Western Union sur les hauts de la ville. L’expression « l’habit ne fait pas le moine » n’est jamais aussi vraie que lorsqu’elle est appliquée aux Wester Union argentins, et nous pouvons enfin retirer une grosse somme d’argent. Fini la polenta !
Le début de la journée du 18 juin est rempli d’émotions. Nous apprenons que l’accouchement de la belle-sœur de Jade va être déclenché aujourd’hui, et nous découvrons que la carte de crédit de Jade a été piratée. Après avoir bloqué celle-ci, nous prenons la route dans la matinée, direction le parc national Los Cardones, sur une route goudronnée. La montée du col nous offre des paysages incroyables, et nous profitons de la pause de midi pour pique-niquer au milieu de tous ces cactus. Nous arrivons au sommet, à 3’200 m d’altitude, en milieu d’après-midi et c’est parti pour la descente en ripio ! A 18h, nous rejoignons le premier hôtel de cette longue et pénible descente et nous nous y arrêtons. Nous sommes frigorifiés et couverts de poussière. Après une douche au feu de bois salvatrice, nous mangeons quelques empanadas pour le souper et allons nous coucher, toujours sans nouvelle de l’accouchement.
C’est au réveil et par notre boitier GPS que nous apprenons la naissance, la veille au soir, de Mathias. La nouvelle Tatie est aux anges, et nous prenons rapidement la route pour trouver du réseau et appeler la famille. Nous arrivons dans la journée à Salta. Le soir, nous nous rendons dans un restaurant de parilla pour fêter la nouvelle. Pour faire honneur au nouveau papa qui travaille dans le domaine vinicole (et oui, tous les prétextes sont bons !), nous nous offrons une bouteille de Malbec du domaine Coloré, dont le raisin provient des vignes les plus hautes du monde, situées entre 1’700 m et 3’111 m d’altitude.

Piattelli Vineyards Camping sauvage Derniers rayons de soleil sur la Quebrada Nevado de Cachi en fond Descente sur Salta

Salta et San Salvador de Jujuy, villes aux pieds des Andes (20.06.2022 au 23.06.2022)

Nous faisons deux journées de pause à Salta afin de pouvoir remplacer l’axe de rotation de la roue de Guillaume, faire les lessives et une prise de sang pour Jade afin de vérifier son taux de fer. Nous reprenons la route le 22 juin et commençons la journée par un col qui, aux dires de Coralie et Natan, ressemble à la Suisse… Les amis, il va vraiment falloir que vous veniez nous voir en Suisse parce qu’on est plus proche de l’Amazonie que des Alpes là ! Seul le froid nous rappelle les montagnes helvétiques, et nous sommes congelés lors de la descente sinueuse au milieu de cette forêt luxuriante. Nous nous extasions devant toute cette végétation après notre traversée du désert.
Le lendemain, alors que nous avons repris la route en direction de Jujuy depuis une trentaine de minutes, nous sommes interpelés par la passagère d’un pick-up aménagé. Après quelques échanges en espagnol, puis en français, nous nous arrêtons au bord de la route pour discuter.
Nous venons de faire la connaissance de Véronique et Bernard, un couple de jeunes retraités qui parcourent l’Amérique du Sud à bord de Passe-partout, leur pick-up, et qui nous ont confondus avec Coralie et Natan. Après une bonne heure de discussion en bord de route, nous nous quittons sur un «  A bientôt ». Nous arrivons en fin de matinée dans la ville de San Salvador de Jujuy et nous nous rendons dans la « Casita Del arbol », auberge tenue par la gentille Elena. Guillaume profite de la fin d’après-midi pour changer la chaîne du vélo de Jade, qui est plus qu’usée et qui commence à sauter.

Yungas de Jujuy Yungas de Jujuy

En route pour l’Altiplano le long de la Quebrada de Humahuaca (24.06.2022 au 29.06.2022)

Nous repartons de la « Casita Del arbol » avec un câlin et un bisous d’Elena. Nous suivons des routes parallèles pour éviter l’autoroute, avant de rejoindre la route principale à la sortie de la ville. Nous sommes surpris par le trafic important dont nous avions été plutôt épargnés sur les routes argentines. Les conducteurs sont globalement respectueux SAUF les conducteurs de bus touristiques qui semblent avoir vu le diable ! Les sauts de la chaîne de transmission de Jade sont encore plus nombreux, et en arrivant dans le village de Pumamarca, nous décidons de remettre l’ancienne chaine allégée de deux maillons ! Toute la transmission est à changer !
Le lendemain matin, nous faisons une petite marche pour admirer le « Cerro de los Siete Colores » surplombant la ville. En redescendant, nous croisons Véronique et Bernard qui partent faire une randonnée autour du « cerro ». Nous savions bien que nous n’allions pas tarder à les recroiser ! Nous enfourchons ensuite nos vélo et prenons encore un peu d’altitude en direction de Tilcara. Nous y arrivons tôt, et après avoir posé les sacoches à l’hôtel, nous décidons de nous rendre à la cascade de la « Garganta Del Diablo » en vélo. Après une nouvelle crevaison pour Guillaume nous obligeant à retourner à l’auberge, nous nous lançons dans l’ascension sur un chemin bien pentu et en ripio. Au bout de 10 minutes, Jade décide de rebrousser chemin. Guillaume continue et arrive au point de vue une heure plus tard. Jade a vu juste en faisant demi-tour, c’est beau, mais l’effort n’est pas justement récompensé. Nous passons la soirée à l’hôtel. C’est au moment de nous coucher que nous sommes surpris par le début d'un concert dans la cour de l’auberge, de l’autre côté du mur de notre dortoir, et qui durera jusqu’à 2h du matin…
Bercés par la fiesta, la nuit a été courte et le réveil est un peu difficile. Nous préparons les affaires et reprenons notre montée, accompagnés d’un fort vent de face. Nous nous mettons dans notre bulle et nous ne remarquons même pas que nous venons de passer le tropique du Capricorne lorsque nous croisons Véronique et Bernard. Nous n’avons pas le courage de faire demi-tour. Afin de tout de même marquer le coup, nous prenons une photo souvenir dans un joli arrêt de bus un peu plus loin. Nous atteignons le village de Humahuaca à 3’000 m d’altitude en fin de journée, toujours challengés par un fort vent de face.
Le lendemain, nous profitons d’une journée de pause pour nous rendre au fameux « Cerro De Los 14 colores ». En milieu de journée, nous prenons donc un mini-bus qui nous monte à 4’300 m, d’où nous pouvons admirer cette chaine de montagnes aux couleurs incroyables. Le souffle est bien court à cette altitude… cela promet pour la suite en vélo ! Le soir, nous retrouvons Coralie et Natan ainsi que Malik et Benoît, les deux belges croisés brièvement à Cafayate, pour une soirée de la francophonie très sympathique !
Le lendemain, après une photo souvenir avec nos 6 vélos, chacun reprend la route de son côté. Après un nouvel échec au Western Union du village, nous entamons notre montée et nous nous faisons rapidement rattraper et dépasser par Coralie et Natan. En milieu d’après-midi, nous passons un col à 3’700 m et nous entamons la descente avec, pour une fois, du vent dans le dos. Nous en profitons donc pour tirer jusqu’au village d’Abra Pampa, que nous atteignons au coucher du soleil.
Le jour suivant est notre dernier jour en Argentine. La route qui nous mène à la ville de La Quiaqa, ville frontière avec la Bolivie, est très monotone et vallonne beaucoup. Lorsque nous arrivons à La Quiaqa, nous cherchons un Western Union pour retirer le transfert en attente. Après avoir écumé tous les bureaux indiqués par l’application pendant plus d’une heure, c’est un nouvel échec. Heureusement, le propriétaire de l’hôtel où nous logeons est super sympa et accepte d’attendre le lendemain pour encaisser la nuit. Dans cet hôtel, nous faisons la connaissance de Marie et Juan, un couple de cyclovoyageurs franco-espagnol partis d’Alaska (@turtlesonwheelies). Un peu plus tard, nous retrouvons Coralie et Natan, qui logent également au même hôtel, et nous faisons un pot commun avec le peu d’argent qu’il reste à chacun pour acheter le souper. Pâtes bolognaises et bière, quelle belle façon que de finir ce séjour en Argentine, qui restera « la tierra de nuestros corazones ».

Casa Los Molles Hostel Tilcara Fresque murale sur arrêt de bus Mirador de los 14 Colores del Hornocal

Coups de coeur

Puente del Inca: Parque Provincial Aconcagua — Magnifique parc et départ pour l'ascension de l'Aconcagua, plus haute montagne sud-américaine.
La Rioja: Parque National Talampaya — Magnifique parc et canyon à la géologie impressionnante
Cafayate: Finca la nubes — Très belle bodega avec une présentation et dégustation de vin très intéressante et qui possède également un restaurant
Cachi: Village de Cachi — Joli petit village de style coloniale à proximité des vignobles les plus hauts du monde
El Carmen: Hostal El Molino — Meilleur rapport qualité-prix du voyage. L'emplacement n’a rien d’exceptionnel mais il méritait d’être mentionné ;)
Humahuaca: Cerro De Los 14 colores — Souffle coupé par l’altitude (4’300 m) et la vue sur cette montagne avec toutes ces couleurs

Sur la ruta 76 Cañón del Talampaya Bordo Atravesado Cristo del Portezuelo Pause de midi Quebrada de Hualfin Dernier virage Ruinas de la ciudad sagrada Arrivée tardive Piattelli Vineyards Ruta 40 Entre les parois Camping sauvage Camping sauvage Sommets enneigés droit devant Descente en ripio Cerro de los Siete Colores Mirador de los 14 Colores del Hornocal Inca Cueva