C’est à l’heure du réveil que Benoît, notre ami Suisse qui nous rejoint pour trois semaines, arrive à notre auberge de Cusco. Après les retrouvailles et le déjeuner ensemble, nous ne perdons pas de temps et sortons directement dans le centre-ville pour faire le musée des Incas. Nous enchainons par un Free Walking tour dans l’après-midi, et finissons cette première journée déjà bien chargée par un des bons restaurants touristiques de la ville. Demain, nous devons nous lever tôt car notre course contre la montre des prochaines semaines ne fait que commencer !
La journée du lendemain commence à 5h15. Nous partons pour une excursion d’une journée dans El Valle Sagrado, la vallée sacrée des Incas. Le premier lieu que nous visitons est Chinchero. Le village touristique s’est construit en contre bas des ruines d’un village inca. Nous pouvons observer les fameux murs incas, taillés au millimètre, leur méthode de construction en terrasses et la vue sur les sommets environnants. Après avoir fait le tour des ruines, nous partons visiter un atelier de tissage. La démonstration de filage, coloration et tissage de la laine est très intéressante, bien que nous ayons un peu l’impression d’être dans une usine à touristes, avec les autocars qui s’enchainent. Nous rejoignons ensuite le site de Moray, connu pour être un laboratoire d’agriculture des Incas. Autour de différentes dépressions naturelles, la plus profonde d’une trentaine de mètres, les Incas ont construit tout un ensemble de terrasses. La différence de température entre le fond et le sommet des terrasses est d’environ 5°C, ce qui aurait permis aux Incas de reproduire une multitude de microclimats afin d’étudier l’agriculture. Nous poursuivons par la visite des Salinas de Maras. Ces salines sont superbes, encastrées à flanc de montagne, et approvisionnées par une source naturelle d’eau chaude salée. Nous finissons l’excursion dans le village d’Ollantaytambo. Le village accueille les ruines de l’ancien palais d’un des souverains incas. Le site est impressionnant, avec un temple du soleil bien conservé surplombant une succession de terrasses construites en contrebas. Nous nous y baladons jusqu’en fin d’après-midi. En début de soirée, nous nous rendons à la gare du village pour prendre un train, aux tarifs « CFF », qui nous mène dans le village très touristique d’Aguas calientes, porte du Machu Picchu. Nous avons juste le temps de sortir du train et de trouver notre auberge qu’un orage éclate… Nous croisons les doigts pour que la météo soit plus clémente demain lors de la visite du Machu Picchu !
Le réveil matinal à 4h15 est vivifiant. L’entrée du Machu Picchu se trouve 400 mètres au-dessus d’Aguas Calientes. Il est possible d’y monter à pied ou en bus payant. Nous avons bien sûr choisi la première option. Après un rapide déjeuner, c’est à la lumière de nos frontales que nous commençons l’ascension. Nous mettons un bon rythme, sous une chaleur tropicale déjà bien présente. Depuis la Covid, l’accès au site est très règlementé, et nous avons donc dû choisir entre plusieurs circuits différents. Nous avons pris les billets pour la première entrée de la journée sur le circuit 3, permettant de se rendre au sommet de la montagne Machu Picchu. Lorsque nous y arrivons, l’entrée du site est déjà bondée par les visiteurs débarquant des bus. Un peu d’attente et une erreur d’entrée plus tard, nous nous retrouvons enfin le long des ruines de l’une des sept merveilles du monde moderne. Sur les conseils de nos amis Axelle et Étienne, nous jouons alors les touristes égarés et nous tombons « accidentellement » sur le lieu iconique du Machu Picchu. Nous parvenons ainsi à prendre la fameuse photo puis, avec l’aide bienveillante d’un gardien, nous retournons sur le chemin de notre circuit. La montée est longue et bien pentue. Nous arrivons au sommet dans une sacrée purée de pois, impossible de voir à plus de 10 mètres ! Nous décidons d’attendre en espérant que la vue se dégage. Nous nous fixons un délai maximum d’une heure, afin d’avoir ensuite le temps de rejoindre le bus qui nous ramène à Cusco. Le compte à rebours arrive au bout, et l’éclaircie espérée n’a toujours pas pointé le bout de son nez. Mais nous sentons qu’elle se rapproche. À coup de cinq minutes, nous repoussons notre départ et, finalement, une demi-heure après, la vue se dégage ! La vue surplombant le Machu Picchu est splendide, et nous ne regrettons pas d’avoir attendu ! Nous profitons du spectacle durant quelques minutes et redescendons ensuite rapidement de la montagne. Un gardien nous propose alors gentiment de nous amener au point de la fameuse photo si nous le désirons. Le soleil ayant fait son apparition, nous acceptons la proposition ! Nous prenons quelques photos, puis poursuivons le long de notre circuit qui serpente à travers les ruines. Notre timing pour le bus commence à être vraiment tendu et nous parcourons la citée inca en vitesse… Dommage, les lieux sont magnifiques et nécessiteraient qu’on s’y attarde plus longtemps. Une fois notre tour express effectué, il nous faut encore redescendre au niveau du village d’Aguas calientes, situé 400 m plus bas, puis longer les voies ferrées sur une dizaine de kilomètres jusqu’au village d’Hidroeléctrica, où notre bus nous attend. Nous y arrivons quelques minutes avant l’horaire de départ prévu, achetons rapidement de quoi faire des sandwichs et montons dans le bus, épuisés après plus de 8 heures de randonnée. Le retour sera long et pénible sur cette route de montagne sinueuse. Jade se sent de plus en plus mal pendant le trajet, sans doute victime de la conduite « optimiste » du chauffeur. Nous arrivons à Cusco dans la soirée et, les garçons étant affamés, nous nous dirigeons immédiatement vers un restaurant. Jade ne se sent toujours pas bien et décide de contrôler sa température au moment du coucher… verdict : elle a de la fièvre !
La nuit de Jade a été très pénible. Le début de matinée l’est tout autant, avec une succession d’aller-retours aux toilettes. Sur les conseils avisés de Guillaume et Benoît, ou argumentaire persuasif (question de point de vue), nous nous rendons tous les trois au marché San Blas pour le diner. Trop mal et incapable de manger la soupe proposée en entrée, Jade retourne se coucher pour le reste de la journée. Les garçons profitent de leur boleto turistico qui donnent accès aux principaux sites touristiques de la vallée sacrée. Ils vont visiter les ruines de Saqsaywaman, magnifique forteresse inca en pierres taillées de dimensions impressionnantes, située sur les hauteurs de Cusco.
Le lendemain, Jade va un peu mieux. Nous prenons donc un bus en direction de Pissac, à une trentaine de kilomètres de Cusco. Le village abrite un marché artisanal et est surplombé par les vestiges d’une forteresse et de temples construits à flanc de montagne. Le site est vaste et demande de gravir une multitude d’escaliers. Après une trentaine de minutes, Jade rend les armes et redescend pour attendre les garçons sur la place principale. À leur retour, nous profitons du four artisanal du village pour manger quelques empanadas et du pain tout juste sorti du four en guise de diner. Nous rentrons à Cusco et, devant l’état de forme de Jade, prenons la décision de reporter le départ pour le trek de l’Ausangate prévu le lendemain.
Au réveil du lendemain, malgré un ventre toujours en grève, Jade sent qu’elle a un peu plus d’énergie. Nous passons donc la journée à nous préparer pour le départ du trek. Au programme : aller chercher le matériel de location de Benoît, et finaliser les provisions qui demandent notamment la cuisson d’une quantité astronomique d’œufs. Nous avons décidé de faire le trek en autonomie, sans possibilité de ravitaillement, et devons donc prévoir des vivres pour 5 jours et 4 nuits, ainsi que l’équipement de camping et l’habillement. La préparation des sacs n’est pas une mince affaire, et nous devons nous résoudre à accrocher quelques affaires à l’extérieur de notre cargaison déjà surchargée.
Après une nuit passée sur les toilettes, Jade décide tout de même de partir pour le trek, quitte à faire demi-tour si son état ne s’améliore pas. Nous quittons Cusco en collectivo (bus local) pour rejoindre le village de Tinki. Nous y arrivons en fin de matinée, et dinons dans un restaurant bien local. Nous trouvons ensuite un taxi pour nous monter jusqu’à Upis Colegio, et nous épargner les premiers kilomètres peu intéressants. Nous convenons avec le taxi qu’il nous retrouve dans quatre jours à la fin de notre trek. Nous commençons notre première après-midi de marche. Plombés par le poids de nos sacs, cette mise-en-jambe nous met tout de suite dans le bain ! Nous arrivons au campement d’Upis, où nous sommes accueillis par une averse de grêle. C’est donc un peu dans la panique que nous découvrons le montage de la tente de Benoît. L’averse ne dure heureusement pas et nous pouvons finaliser notre campement sereinement. Des thermes artisanaux se situent en contrebas de la zone de campement, mais il est déjà tard et personne n’aura le courage de s’y tremper. Ça sera en revanche l’occasion de croiser un couple de cyclovoyageurs français qui campent juste à côté du bassin. Nous commençons notre souper par un apéro qui vient tout droit de Suisse, constitué de charcuterie et de gruyère, suivi d’un souper de pâtes aux courgettes sauce soja. C’est bon et ça fait un peu de poids en moins ! Au moment de la vaisselle, il fait déjà bien froid et nous ne tardons pas à aller nous coucher.
Bonne nouvelle au réveil, Jade a dormi d’un sommeil de plomb malgré l’altitude (4’450 m) et semble avoir vaincu sa vilaine tourista ! Le décor est splendide et le temps au beau fixe. Nous reprenons le chemin en essayant de profiter au maximum des paysages, malgré nos sacs à dos toujours aussi pesants. Arrivés à la première laguna, nous perdons notre chemin. Pour éviter de devoir redescendre puis remonter, nous coupons à flanc de montagne à travers les éboulis. Cette péripétie nous mettra tous un peu dans le mal, et nous nous arrêtons derrière un rocher, à l’abri du vent, pour manger. Les garçons, désirant se délester au maximum, s’empiffrent au diner. L’ascension du col post-festin est bien difficile. Au sommet, nous sommes accueillis par une belle ventilée. Nous ne nous y attardons pas et entamons rapidement la descente. Le ciel se couvre alors et, lorsque nous arrivons à un premier campement, une grosse averse de grêle s’abat sur nous. Nous nous réfugions sous un toit de paille à côté d’une tente pour discuter de nos options pour la nuit. Le site où nous nous trouvons actuellement est déjà rempli par un grand groupe, mais nous repérons des cabanes en paille de l’autre côté de la petite vallée. Une fois l’averse terminée, nous nous y dirigeons mais tombons devant un gros panneau « Interdit de camper » … Nous décidons tout de même de rester là et d’attendre la venue éventuelle d’un habitant. En effet, il est d’usage de payer sa place de camping à un membre de la « comunidad » dans les campements « définis » le long du trek. Nous posons donc les sacs et attendons avant de monter le camp. Sortie de nulle part, nous voyons alors une petite dame arriver. Elle commence par nous dire que nous n’avons pas le droit de camper ici car le terrain appartient à une agence. Elle nous propose ensuite de payer 15 soles par personne, pour finalement baisser à 10 soles au cours de la discussion (environ 2.5 CHF/$/€). Nous acceptons la proposition, en espérant que personne ne viendra nous chasser. En effet, l’espagnol de la dame, de langue maternelle Quechua, est tout aussi approximatif que le nôtre, et nous ne sommes pas sûrs que nous nous soyons bien compris. Nous montons les deux tentes dans la même cahute, dans l’espoir de gagner quelque précieux degrés pendant la nuit. Après avoir terminé notre souper aux proportions deux fois trop importantes, nous allons nous coucher.
Le lendemain, nous nous réveillons avant l’aube. Nous déjeunons rapidement des flocons d’avoine et prenons la route, en laissant toutes nos affaires au campement. L’objectif de la matinée est simple : arriver à la montaña Vinicunca, la fameuse « Rainbow mountain », avant la horde de touristes venant en bus depuis son autre versant. Après avoir atteint le sommet de l’ardu col de l’Abra Huasacocha, nous redescendons dans la vallée suivante et suivons le chemin qui nous mène directement au mirador. Nous y arrivons tous juste avant la foule, mais malheureusement après les gardiens qui ne manquent pas de nous faire payer l’accès au site. Nous profitons du spectacle et du site quasiment pour nous tout seul, la chance ! Nous décidons ensuite de continuer sur le sentier qui mène à la Valle Roja, autre merveille de la zone. Un second gardien est présent au début de la montée et nous demande à nouveau de payer un droit d’accès. La matinée est déjà bien avancée, et nous décidons de nous séparer. Les garçons partent faire le sentier de la Valle Roja, tandis que Jade retourne tranquillement au campement. Quelques heures plus tard, nous sommes à nouveau tous réunis. La matinée sans nos sacs, dans ces paysages époustouflants, nous aura totalement conquis. Nous rangeons toutes nos affaires, toujours bien présentes dans les cahutes, puis dinons rapidement avant de reprendre notre chemin. L’après-midi sera plus pénible, et notre destination semble inatteignable. Nous finissons tout de même par arriver, épuisés, au campement de la Laguna Ausangatecocha, directement sous la face sud de l’Ausangate. Un groupe de tentes est déjà installé, mais le campement est suffisamment grand. Les lieux sont idylliques, et le soleil encore présent nous permettra de faire une toilette rapide dans le torrent. Nous soupons à la nuit tombée puis, comme à notre habitude, nous nous glissons rapidement dans nos sacs de couchage pour éviter de trop nous refroidir.
Au réveil le lendemain les tentes sont gelées, mais tout le monde a bien dormi. Nous déjeunons encore une fois de l’avoine, qui ne passe définitivement plus pour personne ! Nous ne nous attardons pas car une grosse journée nous attend. Le premier col de la journée est aussi le point culminant du trek avec une altitude de 5’120 m. Tandis que Guillaume semble galoper comme un chamois, Jade et Benoît peinent un peu plus dans la montée. Une petite pause au sommet, puis nous attaquons la descente du col qui s’enchaine avec une autre montée pour atteindre le spot de pique-nique prévu. C’est interminable, et la pause de midi est plus que bienvenue. Benoît commence à se sentir patraque. Effet de l’altitude ou potentielle tourista ? Dur de savoir pour le moment… Nous profitons de la pause de midi pour chiquer des feuilles de coca, tout comme les locaux, en y ajoutant un catalyseur (morceau de cendre et de sucre) pour en décupler les effets, tandis que Benoît passe son tour sur l’expérience. Nous espérons ainsi être boostés pour affronter le dernier col du trek, qui culmine également à plus de 5’000 m d’altitude. Nous nous remettons en route qui, malgré la prise de stimulant, semble toujours aussi difficile. Après une énième pause, le feu sacré de la coca (ou l’énergie de désespoir ?) semble faire effet sur Jade, qui part à un rythme effréné jusqu’au sommet du col. Guillaume reste avec Benoît dont l’état ne s’améliore pas. Arrivés au sommet, les températures y sont glaciales et nous mettons toutes nos couches pour la descente. Nous finissons par arriver au lieu de campement, à 4’800 m d’altitude, où un couple, déjà croisé la veille, profite de leur bivouac 5 étoiles installé par le guide et les porteurs les accompagnant. Nous nous dépêchons de monter les tentes afin de tenter de les faire sécher. Échec car à peine la nuit tombée, tout gèle de nouveau. Contrairement aux précédents spots plutôt bien desservis, la seule source d’eau disponible est un marais croupi… Nous ne sommes pas emballés, mais devons nous résoudre à l’utiliser, après l’avoir bien fait bouillir. Le souper terminé, il est déjà bien tard et tout le monde est fatigué. Nous partons rapidement nous coucher.
Le lendemain matin, nous nous contentons de quelques biscuits (au diable, l'avoine !) et de thé pour le déjeuner. Les tentes sont trempées, et le soleil se cache toujours derrière les montagnes. Nous remballons donc toutes les affaires mouillées et commençons la descente. Tout le monde est crevé et Benoît n’est toujours pas en grande forme. Sur le chemin, nous croisons des bikepackers, venus faire le tour à vélo, avec qui nous échangeons brièvement. Ils sont bien courageux ! Nous arrivons rapidement au village de Pacchanta, destination finale de notre balade. Nous nous mettons à la recherche de réseau pour appeler le taxi, quand celui-ci apparaît comme par enchantement ! Ni une, ni deux, nous sommes de retour à Tinki et nous trouvons directement une navette qui nous propose de nous amener à Cusco pour le même prix que les collectivos. Tout s’enchaine parfaitement… jusqu’au moment où la voiture nous débarque à mi-chemin dans le village de Urcos. « Cusco », « Urcos », nous n’avons pas bien saisi la nuance apparemment… Heureusement, nous retrouvons rapidement un collectivo qui, cette fois, nous mène bien jusqu’à la gare routière de Cusco. Nous rentrons à pied et nous arrêtons dans un petit parc sur la route pour manger les restes de nos provisions, « légèrement » surestimées. Nous arrivons enfin à l’auberge, où nous profitons du rooftop pour sécher les tentes et, surtout, prendre notre première douche depuis cinq jours ! Soirée de relaxation et repos en perspective ? Absolument pas ! Nous refaisons nos sacs à dos pour les deux prochaines semaines, puis allons en ville pour rendre tout le matériel de location et manger un bon burger. La suite de la soirée ne se passera pas dans les lits douillets de l’auberge, mais dans le bus de nuit en direction du lac Titicaca !
La température dans le bus était digne d’un sauna. Ce problème de chauffage a rendu le trajet de nuit vraiment désagréable, et cela n’a pas amélioré l’état de Benoît. Nous arrivons finalement à 6h du matin à Puno cuits à point. Nous nous rendons au terminal des collectivos, de l’autre côté de la ville, où nous trouvons directement un bus pour la péninsule de Llachon. Après avoir essayé tant bien que mal de dormir durant le trajet, nous arrivons finalement à Llachon à 8h30 du matin et sommes accueillis par Felix. Nous prenons le petit déjeuner et partons nous reposer dans nos chambres. L’occasion de rattraper un peu les heures de sommeil en retard. À midi, c’est une bonne truite du lac au menu qui nous attend. Benoît ne donne toujours pas le tour et ne touchera quasiment pas son assiette. Il trouve tout de même l’énergie de venir faire l’excursion prévue l’après-midi, et nous partons avec Felix en bateau, direction une « isla flotante ». Ces îles artificielles sont construites en tortora, plante à hautes tiges qui poussent dans l’eau. Les îles servent de lieux d’habitation traditionnels dans la baie de Puno. Chacune d'entre elles est ancrée au fond du lac, pour éviter leur dérive et accueille, dans le cas présent, une dizaine de personnes. Les habitations, également en tortora, sont très rustiques. L’électricité est fournie par panneaux solaires et il n’y a pas d’eau autre que celle provenant du lac. Nous faisons le tour de l’île avec les explications d’un des membres de la famille, avant de retourner chez Felix. Le souper sera l’occasion de rencontrer Franz, un autre voyageur français. Assommés par le sommeil, nous ne faisons pas long feu avant d’aller dormir.
Le lendemain, Benoît ne va toujours pas mieux et décide de rester au lit. Nous partons donc tous les deux et Franz en bateau pour visiter l’Isla de Taquile. L’île ressemble un peu à l’Isla del Sol que nous avions visitée côté Bolivien, avec tout de même plus de constructions et d’habitants. Nous nous y baladons pendant la matinée, puis nous rentrons à l’auberge retrouver Benoît, toujours pas au top de sa forme. Nous prenons le chemin du retour en début d’après-midi pour rejoindre Puno. Deux collectivos plus tard, nous arrivons en ville et nous rendons dans un restaurant en attendant le départ du bus de nuit qui doit nous mener à Arequipa. Benoît semble aller de plus en plus mal, et le trajet nocturne prévu ne devrait pas arranger les choses.
Nous arrivons dans la jolie ville coloniale d’Arequipa (2’300 m d’altitude) à 5h du matin. Nous rejoignons directement l’auberge où, par chance, notre chambre est déjà disponible. Nous finissons notre nuit, puis partons dîner en ville. L’après-midi est consacrée à organiser l’ascension des jours à venir. La région d’Arequipa, entourée de plusieurs volcans, offre en effet un joli terrain de jeu aux amateurs d’alpinisme. Les agences proposent plusieurs sommets dont la fréquentation dépend grandement de leur accessibilité et difficulté. Nous avons jeté notre dévolu sur l’Ampato, moins fréquenté, pour partager une belle expérience avec Benoît, adepte d’alpinisme en Suisse. Malheureusement, l'état de Benoît ne s'améliore pas, mais nous décidons tout de même de nous lancer tous les deux dans cette aventure. Nous nous rendons donc à l’agence pour essayer leurs équipements d’avant-guerre, qui nous seront utiles pour l’ascension. Nous passons ensuite la fin de la journée à nous balader dans la très belle et agréable ville d’Arequipa.
Le jour suivant, nous partons faire un Free Walking Tour du centre-ville. Sur les conseils du guide, nous allons ensuite dîner dans une Picanteria, restaurant traditionnel de la région. L’après-midi, nous partons récupérer nos affaires à l’agence, pendant que Benoît consulte par vidéo Whatsapp un médecin de la ville afin de trouver une solution pour sa tourista qui ne passe toujours pas. Le diagnostic est rapidement posé, et il obtient une ordonnance pour des antibiotiques. Nous nous couchons tôt car demain, nous devons nous lever en pleine nuit pour partir en direction de l’Ampato.
Le réveil à 3h du matin pique. Nous prenons la route avec le guide et un chauffeur. Le chauffeur est encore plus endormi que nous, et nous passerons la première partie du trajet avec les fenêtres ouvertes, laissant s’engouffrer la température glaciale de la nuit dans la voiture. En arrivant sur la piste, la poussière ne permet plus de laisser les fenêtres ouvertes. Le chauffeur se tient donc éveillé à coup de grosses baffes toutes les 5 minutes.… Vraiment très rassurant ! Nous arrivons heureusement sans encombre au pied du volcan à 10h du matin. Une heure et quart plus tard, nous sommes au camp de base à 5‘500 m d’altitude, où nous montons nos tentes. Le guide nous prépare un petit riz chaufa pour le diner, puis nous passons le reste de l’après-midi à nous acclimater en lézardant dans nos tentes. Pour le moment, aucun de nous ne semble souffrir de l’altitude. La tente est un vrai sauna pendant l’après-midi, et nous en profitons pour emmagasiner de la chaleur en prévision des températures glaciales qui nous attendent. Après une petite soupe de pâtes, nous nous couchons à 18h pour essayer de dormir un peu avant le départ prévu au milieu de la nuit.
Le mélange d’altitude, d’excitation et d’appréhension rend notre sommeil compliqué. Nous nous réveillons à minuit et avalons quelques tartines. Jade n’a pas vraiment faim mais se force un peu pour avoir suffisamment d’énergie. Grave erreur… Au bout d’une demi-heure de marche, elle est prise de fortes nausées et nous devons nous arrêter. Le guide a l’air serein et lui dit que cela va passer. Les températures sont glaciales, et les équipements très vintages ne nous protègent pas bien du froid. Jade a rapidement les mains glacées, puis souffre d’une violente débattue qui aura comme effet bénéfique d’éclipser les nausées. Pour effectuer l’ascension en deux jours plutôt qu’en trois, les guides ont ouvert un nouvel itinéraire qui s’apparente plutôt à une montée « droit en haut ». Nous serpentons entre des dalles et gravissons des murs de sable volcanique. Nous atteignons rapidement les 6’000 mètres d'altitude qui marquent le début du glacier. Nous chaussons les crampons et là, les difficultés commencent… Le glacier est constitué d’énormes pénitents de glace qui rendent la progression vraiment difficile et pénible. Nous mettons deux heures pour effectuer les derniers 200 mètres. Nous arrivons finalement au sommet, lessivés. Le soleil est en train de se lever, mais la montre affiche toujours -13°C. Nous faisons tout de même une petite séance photo avant de commencer la descente. Si la montée dans le glacier était déjà dure, la descente est un enfer… Jade chute souvent dans les pénitents qui sont trop profonds pour être enjambés, mais trop fragiles pour soutenir notre poids. Épuisée, elle finit par craquer et pleure toutes les larmes de son corps. Après un gel énergétique et les encouragements de Guillaume, mais surtout sans autre réelle alternative que de continuer, nous reprenons la descente et finissons enfin par quitter le glacier. La suite de la descente se passera beaucoup plus rapidement. Nous avons juste à nous laisser glisser sur les pentes sableuses du volcan pour rejoindre le camp de base, que nous atteignons à 9h du matin. Le guide nous prépare un petit chocolat chaud et nous avoue alors que seulement cinquante pourcents des personnes qui tentent l’ascension arrivent au sommet… Heureux de faire donc partie de la bonne moitié ! Nous démontons rapidement les tentes et descendons retrouver la voiture et le chauffeur, resté sur place, qui semble toujours autant fatigué. Arrivés à l'auberge, nous prenons une douche pour nous débarrasser de toute la poussière du volcan, et nous retrouvons Benoît qui a déjà bien meilleure mine. Le soir, nous allons fêter notre sommet dans un restaurant italien, avant de nous écrouler de fatigue jusqu’au lendemain.
Au réveil, nous prenons le déjeuner sur le rooftop de l'auberge. Nous partons ensuite visiter le couvent Santa Catalina. L'édifice est le plus grand du monde, avec une superficie de 2 hectares, et ressemble à un joli petit village. Nous nous baladons dans ses ruelles et visitons un grand nombre d’appartements de religieuse qui, une fois entrées, n’avaient plus aucun contact avec l’extérieur pour le restant de leur vie. Nous ressortons en milieu de journée pour le diner, puis enchaînons avec une crêpe pour le goûter, à la demande de Benoît qui a enfin retrouvé l’appétit ! La journée touche alors gentiment à sa fin, et il est déjà temps pour nous de repartir en bus de nuit tout confort vers notre prochaine destination.
La nuit n’aura pas été si mauvaise, sauf pour Guillaume qui a eu trop froid avec son petit pull et son short. Nous arrivons dans la ville d’Ica au petit matin, et partons en taxi en direction de l’oasis de Huacachina. Carlos, le chauffeur de taxi, a également une petite agence de voyage et nous décidons de faire toutes les activités de la journée avec lui. Nous nous baladons la matinée autour de l’oasis de Huacachina, endroit atypique au milieu d’immenses dunes de sable. On se croirait au Sahara ! Nous faisons ensuite un tour de buggy pour visiter le désert. Le chauffeur se croit au Paris-Dakar avec une conduite effet montagnes russes ! Nous nous arrêtons ensuite au sommet d’une dune et chaussons des planches de bois bricolées en surf pour en dévaler la pente… On est comme des gosses ! En fin de matinée, nous prenons la direction d’une hacienda de Pisco, eau-de-vie de raisin. Nous sommes directement mis dans l'ambiance et nous recevons une cannette de cocktail à 9 % à déguster durant la visite. Nous parcourons le jardin entouré de vignes, en visitant les différentes étapes du procédé de fabrication. Le complexe est splendide et possède également des chambres d'hôtel… Pour une prochaine fois ! Le moment de la dégustation est arrivé...Sans être amateurs d'eau-de-vie, nous passons tout de même un bon moment de rigolade, accompagnés d'un couple qui n'en est visiblement pas à sa première hacienda de la journée ! Nous nous dirigeons ensuite vers un restaurant touristique pour dîner, avant de terminer le tour avec une dégustation de liqueurs dans une seconde hacienda. C'est plus à notre goût, mais nous commençons à être bien enivrés par toutes ces spécialités locales ! Il est déjà tard, et le bus que nous voulions prendre est plein. Nous finissons par demander à notre chauffeur de taxi de nous emmener directement à Paracas, village au bord de l'océan Pacifique.
La matinée du jour suivant est consacrée à la visite des islas Ballestras en bateau. Cet archipel constitue une importante réserve ornithologique où cohabitent de multiples colonies d’oiseaux marins et d'otaries. Les îles regorgent également d’une énorme quantité de guano, amas d'excréments d'oiseaux, vendu à prix d’or partout dans le monde comme engrais. Son prélèvement fait l’objet d’une réglementation pour limiter l’impact sur l’habitat des oiseaux, et se fait maintenant tous les 7 ans. L’excursion est sympa et la météo au rendez-vous ! Nous rentrons au port en fin de matinée, et enchainons avec la location de vélo pour visiter la réserve nationale de Paracas. Nous partons donc à la force de nos mollets à la découverte de ce site dont les paysages arides contrastent magnifiquement avec l’océan. Entre vent de face et vélos inadaptés, la sortie n’est pas de tout repos, et le manque de nos montures ne se fait pas encore sentir ! Nous mangeons dans un restaurant très touristique à la playa Lagunilla, puis allons jusqu’à la playa de la Mina avant de faire demi-tour et rentrer. Nous profitons de notre soirée à Paracas en visitant ses charmants bars et restaurants de plage.
Le lendemain, nous partons prendre le bus pour Lima en fin de matinée. Nous arrivons à Lima sous un ciel bien gris, confirmant le bien fondé du surnom de "la grise", donné par ses habitants ! Nous nous installons à l’auberge, et apprenons que nos derniers jours avec Benoît vont se passer sous la Ley Seca, loi qui interdit la vente d’alcool durant les périodes d’élection et qui débute le lendemain. Nous profitons donc des micro-brasseries péruviennes du quartier de Miraflores, avant de prendre la direction de l’Argentine dans le quartier de Barranco pour le souper.
Le lendemain, c’est avec un Free Walking Tour que nous débutons la journée en parcourant le centre historique de la capitale du Pérou. Nous passons ensuite l’après-midi à essayer vainement de trouver des boutiques de souvenir. Nous finissons par rentrer à l’auberge, bredouilles, afin de profiter de notre dernière soirée avec Benoît. Nous nous rendons à une soirée BBQ organisée par l’hostal. Ça sera l’occasion de rencontrer d’autres voyageurs et de contourner la Ley Seca.
Le jour suivant, nous commençons la dernière journée de Benoît en visitant le bord de mer du quartier de Miraflores, où nous observons les surfeurs dans les vagues. Nous nous rendons ensuite dans un marché artisanal pour acheter quelques souvenirs, avant de manger un dernier burger ensemble. Le séjour de Benoît touche à sa fin et il est déjà temps de se dire au revoir. Merci d’être venu nous rejoindre pour ces trois semaines intenses d’aventures inoubliables !
Nous passons la journée du lendemain à Lima avant de retourner à Cusco en bus. Durant les interminables 24 heures de trajet, chacun vaque à ses occupations entre Netflix, lecture et codage du site web. De retour à Cusco, nous retrouvons notre charmante petite auberge d’où nous préparerons la suite de nos aventures !
Aguas Calientes: Machu Picchu — Ce n’est pas pour rien que ce site fait partie d’une des sept merveilles du monde moderne. La localisation et l’état des ruines, ainsi que les paysages environnants, en font un endroit inoubliable. Ausangate: Trek de l'Ausangate — Trek aussi exigeant que somptueux ! Des paysages à couper le souffle, des passages à plus de 5'000 m et des nuits fraîches, le cocktail parfait pour des souvenirs mémorables ! Llachon: La casa de Felix — Auberge en pension complète chez une famille sur les rives du lac Titicaca. Expérience beaucoup plus authentique que la très touristique ville de Puno. Possibilité d’excursions sur les îles aux alentours. Arequipa: Arequipa — Surement la plus belle ville du Pérou. Cette ville coloniale regorge de bons restaurants et de tout un tas d’activités aux alentours. Arequipa: Volcan Ampato — Nous ne pouvions pas quitter l’Amérique du Sud sans passer la barre des 6’000m. Cependant, la progression dans le glacier est difficile et l’ascension en elle-même très longue (9h aller-retour depuis le camp de base). Cela restera tout de même un moment fort de notre voyage ! Pas conseillé comme première expérience d’alpinisme et surtout être vraiment bien acclimaté !